Une première pour un astronaute français: lors de sa deuxième mission en orbite, « Alpha », Thomas Pesquet sera quelque temps commandant de bord de la Station spatiale internationale (ISS), pour laquelle il doit s’envoler le 22 avril depuis la Floride.
A 43 ans, celui qui a été pilote de ligne prendra les commandes à quelque 400 kilomètres au-dessus de la Terre, durant environ un mois, vers la fin de son séjour de six mois.
« Je suis incroyablement honoré ! », s’est réjoui l’astronaute, lors d’une conférence de presse en ligne de l’Agence spatiale européenne (ESA), qui lui a assigné cette fonction en accord avec les autres agences spatiales partenaires de l’ISS (Etats-Unis, Russie, Japon et Canada).
« J’ai la chance d’être le premier Français aux commandes d’un véhicule spatial. C’est grâce à l’histoire, à la place de la France et de l’Europe dans les vols habités, c’est une reconnaissance pour tout le monde », s’est félicité l’astronaute.
La fonction de commandant est exercée tour à tour par les membres désignés de l’équipage de l’ISS.
« C’est comme un bateau, il y a un seul maître à bord après Dieu », a commenté Thomas Pesquet. « Évidemment, il y a beaucoup de choses qui se décident au centre de contrôle au sol », a-t-il expliqué, mais « quand ça va mal et qu’il faut réagir vite, c’est le commandant qui décide, qui assigne un peu les tâches, par exemple si on doit faire face à un départ de feu ou une dépressurisation ».
Autre première de la mission « Alpha »: Thomas Pesquet sera le premier Européen à rejoindre l’ISS à bord d’un vaisseau privé américain, la capsule Crew-2 Dragon de Space X, qui doit décoller depuis le Kennedy Space Center en Floride le 22 avril, avec trois autres astronautes (les Américains Megan Mc Arthur et Shane Kimbrough, et le Japonais Akihiko Hoshide).
« La fleur au fusil »
« Ça approche, c’est dingue ! Il y a tellement de choses qui se passent qu’avant même de pouvoir y penser, je me retrouverai au pied de la fusée » Falcon 9, qui propulsera la capsule, a raconté Thomas Pesquet, en plein entraînement pour ce vol.
Aux journalistes lui demandant s’il avait le trac, il a répondu que c’était « comme un premier saut en parachute, où on va un peu la fleur au fusil ».
Son seul regret est de ne pas être en première ligne à bord de la capsule Dragon: « Sur quatre membres d’équipage, il y en a deux qui sont vraiment aux commandes et deux qui n’y sont pas, moi malheureusement je fais partie des deux qui n’y sont pas, c’est pas moi qui ai décidé, c’est la Nasa ».
Ce qui ne l’empêchera pas d’apporter son « expertise » en tant qu’ancien pilote du vaisseau russe Soyouz, qui l’avait emmené sur l’ISS pour sa première mission, « Proxima », en 2016-2017.
Une fois arrimé à l’ISS, lui et son équipe du Crew-2 cohabiteront quelques jours avec les quatre astronautes de Crew-1, qui rentreront ensuite après six mois dans l’espace.
Durant cette période de passation, la station spatiale accueillera pas moins de 11 personnes. « On sera un peu en mode camping », s’était amusé récemment Shane Kimbrough.
A la fin de son séjour, Thomas Pesquet devrait être rejoint par un autre astronaute de l’ESA, l’Allemand Matthias Maurer. « Ça arrive très rarement que deux Européens travaillent ensemble sur l’ISS, ce serait un beau symbole », espère Thomas Pesquet.
Plus d’une centaines d’expériences scientifiques attendent l’astronaute à bord de l’ISS, vaste laboratoire en apesanteur. « Une qui me plaît beaucoup, c’est une expérience sur des +mini-cerveaux+. L’environnement spatial, c’est comme un modèle accéléré du vieillissement, merveilleusement réversible, donc on va essayer de regarder ses effets sur le cerveau, en assemblant des cellules dans des boîtes de Petri ».
Quatre sorties « extra-véhiculaires » dans l’espace sont en outre programmées, dont la plus importante consistera en l’installation de nouveaux panneaux solaires, « des énormes tubes de 350 kilos ».
En dehors des heures de travail, il prendra des photos de la Terre vue de l’espace, mais « un peu moins que la dernière fois », car il veut, cette fois, « prendre plus de temps pour se faire des souvenirs ».
Crédit Photo : © AFP/Archives/YANN COATSALIOU