L’incendie qui s’était déclaré dans la nuit à Strasbourg sur le site de l’entreprise OVHcloud, spécialisée dans les serveurs informatiques, a été « circonscrit », a annoncé mercredi matin la préfecture du Bas-Rhin. Le feu s’est déclenché vers 1 heure du matin dans le quartier de Port du Rhin, à l’est de la capitale alsacienne, non loin de la frontière allemande, et a mobilisé 101 sapeurs-pompiers et 43 véhicules.
« Grâce à une forte mobilisation des pompiers, le sinistre sur le site a été circonscrit », a annoncé la préfecture dans un communiqué, peu avant 7 heures. Des moyens opérationnels ont également été mobilisés par les autorités allemandes. La préfecture a précisé que le site n’était pas classé Seveso, contrairement à ce qu’elle avait annoncé dans un premier temps. Elle a indiqué qu’aucune pollution toxique n’avait été détectée, malgré l’important panache de fumée.
Aucune victime recensée dans l’incendie
Dans un communiqué, l’entreprise s’est dite « soulagée qu’aucun blessé ne soit à déplorer » et a présenté ses « sincères excuses » aux clients affectés, promettant de mettre en œuvre des solutions pour pallier l’indisponibilité du site strasbourgeois. Car l’incendie a eu des répercussions bien au-delà de Strasbourg. Toute la matinée, de nombreuses structures très différentes, comme le spécialiste français de trading de bitcoins Coinhouse, le Centre Pompidou, le club de handball de Créteil ou le musée de l’école rurale de Bretagne, ont signalé des perturbations dans l’accès à leurs sites Internet ou l’utilisation des emails. La plateforme d’accès aux données publiques data.gouv.fr a également été inaccessible temporairement.
« En raison de l’incendie qui s’est déclaré cette nuit dans l’entreprise OVHcloud (…), nous vous informons que notre site Internet est inaccessible », a par exemple fait savoir l’aéroport de Strasbourg sur sa page Facebook. Selon le site spécialisé sur les études sur les technologies d’Internet W3Techs, OVH est utilisé par 3,2 % des sites Internet. Sur son site support, OVH a recommandé à ses clients d’enclencher leur « plan de reprise d’activité » si leur « production est à Strasbourg ». Interrogée sur d’éventuelles pertes définitives de données, l’entreprise a indiqué ne pas être en mesure de répondre dans l’immédiat.
Risque de pollution écarté
L’incendie s’est déclaré à 0 h 47 dans un des quatre data centers d’OVH installés dans la zone industrielle de Port du Rhin, à l’est de la capitale alsacienne, non loin de la frontière allemande. Il a mobilisé d’importants moyens de secours, dont 115 sapeurs-pompiers et 44 engins, ainsi que des fonctionnaires de police et de la sécurité civile. « Le feu s’est rapidement propagé dans le bâtiment. On a mis en place un important dispositif hydraulique, à l’aide d’un bateau-pompe de grande puissance (qui a prélevé l’eau du Rhin, NDLR), pour éviter la propagation aux bâtiments attenants », a déclaré à l’Agence France-Presse Damien Harroué, commandant des opérations de secours.
« Les planchers sont en bois et le matériel informatique a bien chauffé, ça va brûler. Ce sont des matières plastiques, ça génère des fumées importantes et des flammes », a-t-il ajouté pour expliquer l’important dégagement de fumée et la rapidité de propagation de l’incendie. Les sapeurs-pompiers ont réalisé des tests de pollution dans l’atmosphère qui ont permis d’écarter tout risque de contamination. Le site d’OVH, installé sur une parcelle anciennement occupée par ArcelorMittal, n’est pas classé Seveso, contrairement à d’autres sites de la zone industrielle. Peu avant 7 heures, la préfecture a annoncé que le feu était « circonscrit », saluant la « forte mobilisation » des soldats du feu.
Secteur stratégique
« Les pompiers continuent de refroidir les bâtiments avec de l’eau », a tweeté Octave Klaba, le fondateur d’OVHcloud. « Nous n’avons pas accès au site. C’est pourquoi SBG1, SBG3 et SBG4 ne redémarreront pas aujourd’hui », a-t-il précisé en référence aux différents bâtiments hébergeant les serveurs. Il a précisé que l’un des bâtiments, SBG2, avait été « détruit » par les flammes, de même qu’une partie de SBG1. Au total, le site hébergeait 29 000 serveurs, selon OVH.
L’entreprise a été créée en 1999 sous le nom d’OVH. Elle a commencé par faire de l’hébergement de sites Internet, avant de se lancer dans les services « cloud » pendant la décennie 2010. Avec quelques rares autres acteurs, elle porte les espoirs du cloud européen face aux géants américains et chinois de ce secteur devenu stratégique pour l’économie numérique. Le dernier chiffre d’affaires publié date de 2019 (600 millions d’euros). Le groupe compte 2 450 collaborateurs, dont la moitié en France, et opère 32 centres de données dans le monde.