Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a dénoncé « une mauvaise polémique » sur la grande distribution, accusée de constituer des « stocks cachés » de masques alors que leur commercialisation a commencé lundi dans les grandes surfaces.
« Je constate que la grande distribution, depuis le début de la crise sanitaire, a parfaitement joué le jeu notamment pour garantir la sécurité de l’approvisionnement alimentaire des Français », a-t-il expliqué sur France Inter.
« Je pense vraiment que c’est une mauvaise polémique », a-t-il assuré, après un weekend où les grandes enseignes se sont défendues face aux attaques des professionnels de la santé et des politiques.
« Ce que nous souhaitons, c’est très simple: c’est que le plus grand nombre de Français puisse trouver des masques dans les lieux de consommation habituels, que ce soit les pharmacies, les grandes enseignes de la distribution, les débitants de tabac, les mairies », a expliqué le ministre.
Carrefour, Système U et Leclerc ont assuré que ces masques chirurgicaux à usage unique, dont le prix est plafonné à 95 centimes d’euros, seraient vendus au prix coûtant, à 0,50 centime selon cette dernière enseigne.
Leclerc, qui a précisé avoir déjà approvisionné une centaine de magasins avec environ 2 millions de masques, attend deux autres grosses livraisons cette semaine.
« Les masques devront ensuite être dédouanés. Ils seront reconditionnés en pochettes de 5, 10 ou 50 masques » commercialisées à raison « vraisemblablement (d’)un paquet par client dans un premier temps », a indiqué l’enseigne.
Carrefour assure pour sa part avoir « sécurisé 175 millions de masques jetables et 50 millions de masques lavables » à destination des Français.
Système U, qui a commandé 54 millions de masques à usage unique (et 10 millions de masques en tissu) et s’apprête à en recommander 30 autres millions, les vendra « par paquets de dix pour les rendre accessible au plus grand nombre ».
Enfin, le 4e grand distributeur, le groupe Intermarché/Netto, a reçu 30 millions de masques, qu’il vendra par boîtes de 50 unités à raison de 280 boîtes par point de vente. Cette commande est arrivée en France entre le 13 et le 24 avril. Une deuxième commande de 20 millions d’unités sera proposée à la vente à partir de jeudi.
Selon la secrétaire d’État à l’Économie, Agnès Pannier-Runacher, interrogée sur Europe 1, lorsque la grande distribution « annonce 500 millions de masques, elle prend ses volumes pour les 4 mois qui viennent. Il ne faut pas confondre commandes et livraisons ».
« Toute commande supérieure à 5 millions de masques doit être soumise obligatoirement à Santé Publique France qui a le droit de la réquisitionner », a-t-elle ajouté.
Cette profusion soudaine de masques dans la grande distribution a provoqué la colère des professionnels de la santé, qui peinent depuis le début de l’épidémie de coronavirus à s’équiper correctement.
Le président de la région Paca, Renaud Muselier (LR) a menacé, dans un tweet, de dépôt de « plainte pour mise en danger de la vie d’autrui et non assistance à personne en danger » et donné « trois jours à la grande distribution pour prouver qu’elle n’avait pas de stock secret de masques pendant la crise ».