Une attestation pour chaque déplacement, une amende en cas d’infraction et 100.000 policiers et gendarmes mobilisés pour contrôler: un confinement inédit entre en vigueur en France mardi à midi pour tenter d’enrayer l’épidémie de coronavirus.
Ce 17 mars 2020, comme d’autres pays avant elle, la France bascule dans une ère inédite, quoiqu’attendue, « et pour quinze jours au moins », a déclaré lundi soir le président Emmanuel Macron.
« Jamais la France n’avait eu à prendre de telles décisions par temps de paix ». « Nous sommes en guerre », a-t-il martelé.
Après la fermeture des écoles et universités, puis celle des cafés, restaurants et commerces non essentiels, les mesures annoncées lundi soir touchent encore plus directement la vie sociale, le coeur du quotidien, afin de « limiter au maximum les contacts » et lutter contre l’expansion du coronavirus.
Avec 1.210 nouvelles contaminations et 21 décès en 24 heures, le bilan officiel a atteint les 148 morts et 6.633 cas depuis le début de l’épidémie en France, selon le bilan établi lundi par le site Santé publique France. Sachant qu’il y avait dimanche soir environ 400 patients en état grave, et que le chiffre officiel des malades ne prend pas en compte ceux qui ne présentent pas de symptômes aigus.
« Restez chez vous ! »
Face à la propagation exponentielle du coronavirus et un sens de la discipline pas toujours au rendez-vous chez les Français, « le mot d’ordre est clair: restez chez vous ! », a exigé lundi soir le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.
Concrètement, toutes les personnes qui circuleront devront être « en mesure de justifier leur déplacement », au risque de se voir infliger une amende de jusqu’à 135 euros.
Les déplacements tolérés concerneront ceux effectués entre domicile et travail quand c’est absolument nécessaire, pour aller faire ses courses, pour raisons de santé, ou encore pour « motif familial impérieux ou l’assistance de personnes vulnérables », a détaillé M. Castaner.
Autres exceptions permises, « pour des déplacements brefs, à proximité des domiciles. On pourra toujours pratiquer une activité physique ou sortir son chien… Mais chacun devra le faire avec parcimonie, dans le respect des consignes sanitaires et des gestes barrières, sans se retrouver en groupe », a-t-il précisé. « Si je devais le résumer, je dirais que l’on pourra prendre l’air, oui, mais certainement pas pour jouer un match de foot ».
Si le « confinement » en France laisse une certaine souplesse par rapport à d’autres pays comme l’Italie et l’Espagne, il affectera la vie et les habitudes des familles. Le dimanche au soleil vécu par nombre de Français, notamment dans les parcs désormais fermés, semblera lointain.
Soutien à l’économie
Les polémiques économiques et sociales pré-coronavirus aussi. M. Macron a décidé que toutes les réformes, notamment celle des retraites, seront « suspendues ».
Et pour éviter une multiplication des faillites, le président a annoncé une garantie des prêts bancaires accordés aux entreprises à hauteur de 300 milliards d’euros, ainsi qu’un « dispositif exceptionnel de report de charges fiscales et sociales, de soutien ou report d’échéances bancaires et de garanties de l’Etat à hauteur de 300 milliards d’euros pour tous les prêts bancaires contractés auprès des banques ».
Les loyers et les factures d’eau, de gaz et d’électricité « devront être suspendus » pour les plus petites entreprises qui rencontrent « des difficultés », a-t-il également annoncé.
Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a assuré qu’il n’y aurait « pas de pénurie », tout en demandant de ne pas multiplier les achats de précaution. Mais en Alsace par exemple, une des régions les plus touchées, des grandes surfaces ont été prises d’assaut avec de longues files de chariots devant les entrées. Scènes vues dans la capitale aussi.
Et la Bourse de Paris a connu une nouvelle débâcle en chutant de 5,75% alors que les places mondiales sont toujours en pleine tempête et que Bruxelles attend désormais une récession pour 2020.
Lointaines, également, les élections municipales. Après un premier tour dimanche dernier marqué par une forte abstention, l’exécutif a décidé d’en reporter le second tour, initialement prévu dimanche prochain. Il ne concernera pas les élections qui ont été « acquises » dans 30.000 des 35.000 communes de France.
L’idée d’un report, qui aurait hérissé il y a une semaine, a été largement saluée lundi par la classe politique, unanime. Le Premier ministre Edouard Philippe a proposé la date du 21 juin aux chefs de partis qu’il a reçus lundi.