Rappeurs et femmes en tête, les stars mondiales de la musique sont dans les starting-blocks dimanche pour une cérémonie des Grammy Awards d’autant plus ouverte que les organisateurs ont augmenté le nombre de candidats dans les principales catégories, pour doper la diversité.
Pour la deuxième fois de suite, le hip-hop caracole en tête des nominations, avec huit sélections pour Kendrick Lamar, suivi de peu par son challenger canadien Drake. Mais de nombreux spécialistes attendent encore de voir si cela va réellement se traduire par des récompenses, car les organisateurs ont souvent été accusés de privilégier les artistes blancs et masculins.
Jay-Z était ainsi reparti bredouille l’an dernier malgré huit nominations. Et Lamar, premier rappeur à avoir obtenu un prix Pulitzer de musique pour son album « DAMN », a déjà échoué à trois reprises dans la course à « l’album de l’année ». Il parviendra peut-être cette année à vaincre le signe indien avec la bande originale du film « Black Panther », numéro un au box-office mondial en 2018.
Les artistes féminines sont également présentes en force pour cette 61e édition, cinq sur huit nominés pour « l’album de l’année », dans des genres très variés: la rappeuse gouailleuse Cardi B, la chanteuse rock-folk Brandi Carlile, l’exploratrice électro-pop Janelle Monae, la prodige du R&B H.E.R. et la chanteuse country Kacey Musgraves.
La popstar Lady Gaga est quant à elle sélectionnée dans cinq catégories, dont deux pour « Shallow », la ballade romantique enregistrée avec Bradley Cooper pour le film « A Star Is Born », où elle joue également.
Et dans la catégorie de la « révélation de l’année », très suivie, six sur huit sont des femmes.
La cérémonie débute à partir de 12h30 heure de Los Angeles (20h30 GMT), avec Shaggy comme animateur, mais le show ne sera retransmis qu’à partir de 17h00 par la télévision.
Auparavant, il faudra se contenter du site internet des Grammy (www.grammy.com) et surtout s’armer de patience: pas moins de 84 récompenses sont décernées au total dimanche, pour certaines dans des catégories parfois assez déconcertantes (« meilleur album au son immersif », « meilleur livret d’accompagnement d’album »…).
Sans Ariana Grande
La controverse n’aura pas attendu le début de la fête pour entrer dans la danse. Certaines superstars ont décliné, parfois avec fracas, l’invitation de la Recording Academy qui organise l’événement.
C’est le cas de l’idole des jeunes Ariana Grande, qui a sorti son nouvel album « Thank U » juste avant les Grammy. Initialement prévue sur scène, elle a accusé le producteur de la soirée, Ken Ehrlich, d’être à l’origine de son retrait et d’avoir « menti » sur ses motivations.
Drake, Lamar et Childish Gambino, alter ego musical du comédien et réalisateur Donald Glover, auraient eux aussi refusé de se produire sur scène, et pourraient en outre boycotter la cérémonie.
Pour la première fois depuis longtemps, la Recording Academy, forte de 13.000 professionnels de l’industrie musicale, n’a pas sélectionné les grands noms de la pop habituellement abonnés aux nominations, telles Ariana Grande mais aussi Taylor Swift, reléguées toutes deux dans des catégories mineures.
C’est la chanteuse et musicienne Alicia Keys, elle-même détentrice de 15 Grammy Awards, qui animera la soirée de gala, la première femme dans ce rôle depuis Queen Latifah en 2005.
Elle a promis cette année des performances « de malade » avec des shows de Lady Gaga et Cardi B, mais aussi la participation d’icônes de la musique américaine de l’acabit de Dolly Parton (country) et Diana Ross, qui montera sur scène pour une célébration des années Motown.
Les Grammy devraient aussi rendre hommage à Aretha Franklin, « Reine de la Soul » morte l’été dernier.
Pour Alicia Keys, la montée en puissance des femmes n’avait « que trop tardé » et elle a insisté sur l’importance « pour les femmes d’avoir une place, pour montrer que nous aussi nous sommes là, et bien là, et que nous sommes les créatrices de notre propre musique ».
« Les femmes ont droit à un immense respect, et vous verrez ça sur scène dimanche », a assuré l’artiste.
Photo: Archives / Robyn Beck