Jean-Paul Belmondo, le « Magnifique » du cinéma français, est décédé

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Pour tous, c’était « Bébel ». Avec la mort de Jean-Paul Belmondo, à 88 ans, le 7e art perd une de ses figures les plus populaires, un acteur sachant tout faire, sans se prendre trop au sérieux, des films d’action aux plus belles heures du cinéma d’auteur.

L’interprète aux 80 films est décédé lundi à la mi-journée, a annoncé sa famille dans un communiqué, transmis par leur avocat à l’AFP.

« Jean-Paul s’est éteint aujourd’hui (lundi). Il est parti rejoindre ses vieux complices du Conservatoire. Son sourire sincère sera toujours là », écrit dans un communiqué sa famille, évoquant la disparition de son « pilier ».

L’acteur, qui avait été hospitalisé en début d’année pour une fatigue générale, est décédé entouré des siens, à son domicile parisien.

Il laisse derrière lui des rôles inoubliables, jeune premier la cigarette au bec dans « A bout de souffle » ou pendu à un hélicoptère à Venise dans « Le Guignolo ». Dans les mémoires, c’est le Bébel au sourire ravageur, nez de boxeur et gouaille inimitable, qui restera.

« Il restera à jamais Le Magnifique. Jean-Paul Belmondo était un trésor national, tout en panache et en éclats de rire, le verbe haut et le corps leste, héros sublime et figure familière, infatigable casse-cou et magicien des mots. En lui, nous nous retrouvions tous », a salué sur Twitter le président Emmanuel Macron.

« Derniers héros »

Sa carrière commencée sur les planches l’a mené en un demi-siècle aux sommets du box-office français, avec 130 millions de spectateurs cumulés au cinéma.

Celui qui était l’une des dernières grandes vedettes populaires de sa génération, avec Alain Delon ou Brigitte Bardot, peut-être encore plus fédérateur, avait quasiment disparu des écrans après un accident vasculaire en 2001.

Sa mort tourne une page majeure du cinéma français, Belmondo partant après sa bande d’amis du conservatoire, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Bruno Crémer ou encore Claude Rich… Ces dernières années, il avait dû enterrer ses complices, de Guy Bedos au meilleur ami, Charles Gérard, avec lequel il ne cessait de partager fous rires, gueuletons et matchs à Roland-Garros.

Il restait un modèle absolu pour ses pairs, notamment Jean Dujardin, qui le considérait comme « l’un des derniers héros » du cinéma français. Ses tribulations dans « L’Homme de Rio » ont inspiré jusqu’à Steven Spielberg, pour « Indiana Jones ».

Le public français ne s’est jamais lassé de revoir ses films, sur grand écran, à la télévision ou plus récemment sur Netflix, dans des polars comme chez Godard.

C’est d’ailleurs la rencontre avec le cinéaste de la Nouvelle Vague, autre figure majeure du 7e art, qui a scellé son destin. A même pas trente ans, en 1960, il entre dans la légende avec « A Bout de Souffle ».

Après le succès du film, « on viendra à moi », racontait Belmondo en 2016 dans « Mille vies valent mieux qu’une », un livre de souvenirs. Leur collaboration se poursuivra avec « Une femme est une femme » (1961) et « Pierrot le fou » (1965).

 

Casse-cou

Belmondo enchaîne ensuite les succès critiques. De Jean-Pierre Melville (« Léon Morin, prêtre ») à François Truffaut (« La sirène du Mississippi ») en passant par Louis Malle (« Le voleur »), les cinéastes s’arrachent l’acteur, le seul à rivaliser avec Alain Delon.

« Lui et moi, c’est le jour et la nuit », confiera Belmondo, évoquant une « amitié fidèle » avec Delon, loin de la rivalité qu’on leur a souvent prêtée.

Qui aujourd’hui encore, oserait les cascades que ce casse-cou aimait réaliser lui-même, comme cette course sur le toit d’un métro en marche dans « Peur sur la Ville » ?

« Bébel » laisse ainsi le souvenir d’un acteur physique, un roi de la gifle et de la castagne, cultivant une belle dose d’humour (« Le Cerveau ») voire une franche autodérision (« Le Magnifique »).

Ses rôles taillés pour son physique de boxeur lui vaudront ses plus grands succès publics: « L’Homme de Rio » de Philippe De Broca (4,8 millions d’entrées en 1964), « Le Professionnel » (1981) de Georges Lautner et « L’As des as » (1982) de Gérard Oury (plus de 5 millions).

 

Histoires d’amour

Bébel, qui a obtenu un seul César pour un film, avec « Itinéraire d’un enfant gâté » (1988), aura partagé l’écran avec les plus grandes actrices, de Catherine Deneuve à Claudia Cardinale et des histoires d’amour avec certaines, comme Ursula Andress ou Laura Antonelli.

Après une attaque cérébrale pendant un tournage en 2001, il restera fortement handicapé. Son élocution est affectée, mais le capital sympathie reste intact: s’il disparaît presque du grand écran, il répond présent lors des cérémonies en son honneur, comme en 2017 où il reçut un César d’honneur.

Ce bon vivant qui a eu quatre enfants (dont une fille, Patricia, décédée) de deux unions, laisse derrière lui un clan resté proche jusqu’à la fin.

Et auquel il aura transmis son amour du cinéma et des sensations fortes: Paul, son fils, a tâté au théâtre et à la télévision, en parallèle d’une carrière de pilote automobile, et Victor, son petit-fils, fait des débuts prometteurs au cinéma.

 

Crédit Photo: Valery Hache

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