Hong Kong: la police dissuade les manifestants pro-démocratie

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La police a déployé mercredi à Hong Kong un important dispositif autour du Parlement local, pour dissuader les militants pro-démocratie de manifester contre l’examen d’un projet de loi criminalisant tout outrage à l’hymne national chinois, et procédé à des centaines d’arrestations.

Des barrières entouraient le bâtiment du Conseil législatif (LegCo), la police multipliait contrôles et fouilles. Des rassemblements spontanés ont eu lieu dans les quartiers de Causeway Bay, Mong Kok et Central, dispersé dans ce dernier par des tirs de billes de gaz poivré irritant.

La police a annoncé avoir procédé à plus de 300 arrestations pour rassemblement illégal. Selon des images diffusées en direct il s’agissait souvent d’adolescents.

Le débat devant le LegCo sur ce projet, accusé par le mouvement pro-démocratie d’attenter à la liberté d’expression, intervient après la décision de la Chine d’imposer à Hong Kong une loi sur la sécurité nationale, annoncée vendredi après des mois de manifestations monstres et parfois violentes dans le territoire semi-autonome.

Le mouvement pro-démocratie avait appelé à une vaste mobilisation mercredi, à l’occasion de la deuxième lecture au LegCo du projet visant à punir le non-respect de l’hymne national chinois. Ce délit serait passible de trois ans d’emprisonnement.

« Loi martiale »

« Le gouvernement doit comprendre pourquoi les gens sont vraiment en colère », a déclaré à l’AFP Nathan Law, une figure du mouvement pour la démocratie, dénonçant « un couvre-feu de facto ».

« Il y a des policiers à chaque coin de rue, c’est comme si la loi martiale était en vigueur », a ajouté une femme, Bean, après avoir été fouillée.

Dans un communiqué, la police a affirmé « respecter le droit de la population d’exprimer pacifiquement ses opinions mais (…) dans un cadre légal ».

Les rassemblements de plus de huit personnes dans l’espace public sont interdits dans le cadre des mesures contre le coronavirus même si l’épidémie semble maîtrisée.

En vertu du principe « un pays, deux systèmes », Hong Kong jouit depuis sa rétrocession à la Chine en 1997 et jusqu’à 2047 de certains droits inconnus ailleurs en Chine, notamment la liberté d’expression et un système judiciaire indépendant.

Cette disposition a contribué à faire de Hong Kong une place financière internationale majeure qui offre à la Chine une porte d’entrée économique sur le monde.

Le président américain Donald Trump a mis en garde Pékin, menaçant de faire perdre à Hong Kong son statut économique spécial.

Plan d’action « humanitaire » à Taïwan-

A Taïwan, que Pékin considère comme partie de la Chine, la présidente pro-indépendance Tsai Ing-Wen a annoncé mercredi un plan d’action « humanitaire » pour accueillir les militants pro-démocratie de Hong Kong dont beaucoup viennent s’abriter dans l’île (plus de 5.000 l’an dernier, en hausse de 41% sur un an).

« Le gouvernement va présenter un plan d’action pour l’assistance humanitaire (…) afin d’accueillir les gens de Hong Kong », a-t-elle dit aux journalistes, appelant Pékin à « maîtriser le cheval au bord du précipice ».

Taïwan ne reconnaît pas le concept d’asile et n’accepte pas de réfugiés mais offre d’autres moyens légaux comme des visas d’investisseurs.

Reste que Pékin semble plus que jamais déterminé à mettre fin à l’agitation politique qui secoue Hong Kong depuis des années.

L’exécutif local, aligné sur Pékin, s’est engagé à adopter la loi sur l’hymne national dès que possible.

« En tant que Hongkongais, nous avons la responsabilité morale de respecter l’hymne national », a expliqué à la presse avant le débat Matthew Cheung, adjoint de la cheffe de l’exécutif local Carrie Lam.

Les fans de football hongkongais en particulier huent l’hymne national pour exprimer leur colère à l’égard de Pékin.

Une troisième lecture du projet est prévue la semaine prochaine à l’issue de laquelle il devrait devenir une loi s’il est approuvé.

Mi-mai, des heurts avaient éclaté dans l’hémicycle au sujet du texte, auquel ont fait obstruction des mois durant les députés pro-démocratie, minoritaires au Parlement partiellement élu au suffrage universel.

Les élus pro-Pékin ont pris début mai le contrôle de la commission qui revoit les projets de loi avant leur examen.

La Chine n’a cessé de décrire la contestation hongkongaise comme un complot subversif orchestré depuis l’étranger pour déstabiliser le régime.

L’an dernier, au début de la contestation contre un projet de loi autorisant les extraditions vers la Chine, abandonné depuis, des manifestants avaient pénétré dans le LegCo et saccagé ses locaux.

Pour les militants pro-démocratie, manifester est l’unique moyen de faire entendre leur voix dans une ville sans véritable suffrage universel.

La semaine dernière, Pékin a pris la décision d’imposer une loi sur la sécurité qui vise à interdire le terrorisme, la sécession, la subversion et l’ingérence étrangère.

Ce texte, un moyen pour Pékin de contourner le LegCo, comprend une mesure permettant pour la première fois à la Chine d’autoriser les services de sécurité et la police secrète à s’implanter ouvertement à Hong Kong.

Le projet, qui sera examiné jeudi à Pékin, suscite l’inquiétude des investisseurs étrangers et des gouvernements occidentaux, comme l’a illustré vendredi le plus fort décrochage de la Bourse de Hong Kong en cinq ans.

Crédit Photo: ISAAC LAWRENCE

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