Edouard Philippe a tracé les grandes lignes d’un déconfinement qui exigera le maintien de précautions sanitaires pendant de longs mois et reposera sur des tests massifs et l’isolement des malades.
Face à « beaucoup d’inconnues » qui entourent encore le virus, les Français vont « devoir apprendre à vivre avec lui » et attendre encore longtemps pour retrouver leur « vie d’avant » la crise, a averti le Premier ministre.
Sommé par Emmanuel Macron de présenter un plan de déconfinement avant la fin avril, avec l’appui du haut fonctionnaire et maire Jean Castex, M. Philippe en a dessiné les grands principes au côté de son ministre de la Santé, Olivier Véran.
Il a insisté sur « trois éléments essentiels » pour enclencher le processus à partir du 11 mai: la poursuite de l’adoption « des gestes barrières », comme la distanciation sociale, la généralisation du port de masques « grand public » et le dépistage massif.
Les commerces actuellement fermés en raison de la crise sanitaire ne pourront donc rouvrir que s’ils font respecter les « gestes barrières » et prennent des mesures de « distanciation sociale », a déclaré Edouard Philippe dimanche lors d’une conférence de presse.
Les cafés et les restaurants resteront en revanche fermés car leur activité « ne permet pas de limiter dans un premier temps la circulation du virus », a ajouté Edouard Philippe.
En ce qui concerne le dépistage, l’objectif du gouvernement est de pouvoir réaliser à partir du déconfinement 500.000 tests par semaine pour les personnes présentant des symptômes et celles ayant été en contact avec un malade du Covid-19, a indiqué M. Véran.
Test virologique
Après le 11 mai, « si vous êtes porteur de symptômes (…) et que vous voulez savoir si vous êtes malade, ou si vous avez été en contact rapproché d’une personne dont on sait qu’elle est malade, vous pouvez, vous devrez bénéficier de ce test virologique », a assuré M. Véran.
Les masques, et leur pénurie, restent un sujet de crispation majeur, alors que le plus gros avion-cargo du monde, l’Antonov An-225 Mriya, s’est posé dimanche à l’aéroport de Paris-Vatry (Marne) avec à son bord quelque huit millions de masques médicaux en provenance de Chine.
Après le 11 mai, « si vous êtes porteur de symptômes (…) et que vous voulez savoir si vous êtes malade, ou si vous avez été en contact rapproché d’une personne dont on sait qu’elle est malade, vous pouvez, vous devrez bénéficier de ce test virologique », a assuré M. Véran.
Un avion-cargo Antonov An-225 Mriya s’est posé sur l’aéroport de Paris-Vatry (Marne) avec quelque huit millions de masques, le 19 avril 2020 6 AFP / FRANCOIS NASCIMBENI
Les masques, et leur pénurie, restent un sujet de crispation majeur, alors que le plus gros avion-cargo du monde, l’Antonov An-225 Mriya, s’est posé dimanche à l’aéroport de Paris-Vatry (Marne) avec à son bord quelque huit millions de masques médicaux en provenance de Chine.
Les masques produits en France à 17 millions d’exemplaires par semaine d’ici le 11 mai seront probablement rendus « obligatoires » dans les transports publics, répondant ainsi à la demande des principaux opérateurs de transports en commun.
Le nombre de patients hospitalisés pour une infection au Covid-19 s’élevait dimanche à 30.610, avec un solde en légère baisse de 29. Parmi ceux-ci, 5.744 patients dans un état grave étaient hospitalisés en réanimation, avec un solde négatif de 89 sur vendredi. Il s’agit du onzième jour consécutif de baisse nette du nombre de patients en réanimation et du 5e de baisse consécutif des hospitalisés.
Sur les 395 morts (hôpitaux et Ephad) annoncés dimanche soir sur 24H00, 227 (sur 395) sont décédés à l’hôpital, soit le nombre le plus bas de décès à l’hôpital depuis quatre semaines (23 mars avec 186 morts).
Ni voyages ni mariages
Un personnel soignant de l’Ehpad de Vill’Alize (groupe Korian) assiste une personne âgée à Thise (Doubs), le 16 avril 2020 6 AFP / SEBASTIEN BOZONU
Ces statistiques traduisent la poursuite d’une « très lente décrue épidémique, mais le nombre de personnes hospitalisées reste très élevé », a-t-il souligné en appelant à ne pas relâcher les efforts.
Le quotidien des 67 millions de Français continuera donc d’être bouleversé: « il n’est pas raisonnable d’imaginer voyager loin à l’étranger très vite », a indiqué M. Philippe, alors que le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, avait averti que « les mariages, les anniversaires, le grandes réunions familiales devront être évités dans les mois qui viennent ».
Pour le reste, M. Philippe est resté fort prudent sur les scénarios de l’après 11-mai, indiquant par exemple que plusieurs hypothèses étaient à l’étude pour la réouverture des écoles, « par territoire » ou « par moitié de classe ».
Le Premier ministre a aussi appelé à la poursuite du télétravail « dans toute la mesure possible ».
Distanciation sociale lors des courses alimentaires sur un marché à Toulouse, le 20 avril 2020 – AFP / Lionel BONAVENTURE
Alors que le Produit intérieur brut (PIB) devrait reculer de 8% cette année, M. Philippe a martelé que la crise économique serait « brutale » et « ne fait que commencer », tout en rappelant les mesures d’aides. Dans ce cadre, le distributeur Fnac Darty a annoncé dimanche avoir obtenu un prêt de 500 millions d’euros dont 70% garantis par l’Etat.
Par ailleurs, M. Véran a annoncé le rétablissement « à partir de » lundi d’un « droit de visite pour les familles » dans les Ehpad, dans des conditions « extrêmement limitées », et dans « les établissements qui accueillent des personnes en situation de handicap ».