Olivier Véran et Sébastien Lecornu ont constaté jeudi en Martinique que les patients en réanimation étaient beaucoup plus jeunes que ceux de la 3e vague.
Les Antilles subissent de plein flouet la quatrième vague épidémique, avec une hausse des contaminations, une hausse des patients admis en réanimation, mais aussi une hausse des décès. L’exécutif a décidé de mettre les bouchées doubles pour faire face à cette situation « sans commune mesure » : confinement strict, renforts de soignants, et bientôt « renforts des renforts ». Dans le même temps, on resserre la vis en métropole. Les services de soins critiques, qui traitent les patients les plus gravement touchés, totalisaient jeudi 1 807 malades (1 745 la veille et 1 420 une semaine auparavant. Au total, 9 465 malades du Covid-19 étaient hospitalisées.
Premières touchées, les Antilles, qui affichent des taux d’incidence record, frôlant les 2 000 cas pour 100 000 habitants. Martinique et Guadeloupe sont désormais totalement reconfinées pour tenter de ralentir les arrivées de patients à l’hôpital, où plusieurs dizaines de lits de réanimation supplémentaires sont déjà ouverts, parfois installés jusque dans les blocs opératoires, comme au CHU de Guadeloupe dans les jours à venir.
En Martinique, les patients en réanimation « peuvent avoir 20 ou 30 ans »
« La situation sanitaire est sans commune mesure avec ce que nous avons pu voir au cours des vagues précédentes et notamment en métropole », a affirmé le ministre de la Santé Olivier Véran lors d’un point presse avec son collègue des Outre-mer Sébastien Lecornu à l’issue d’une visite du CHU de Fort-de-France. « On ne ressort pas indemne de la visite de cet hôpital », a-t-il reconnu. « Les patients sont jeunes, très jeunes. Aux urgences, ils ont 40-50 ans. En réanimation, ils peuvent avoir 20 ou 30 ans », a-t-il souligné, déplorant qu’aucun d’entre eux n’était vacciné.
Le ministre a lancé un appel à la vaccination : « L’heure n’est plus au doute ! », a-t-il assuré, alors qu’une centaine de personnes manifestaient devant l’hôpital. Le gouvernement a envoyé aux Antilles du matériel et des renforts de 270 soignants et 60 pompiers. Mais il semble courir derrière une épidémie qui s’est très brusquement emballée, alimentée par le variant Delta, un relâchement des gestes barrière et une faible couverture vaccinale.
« On est déjà en train de préparer les renforts des renforts », a expliqué Sébastien Lecornu, en lançant lui aussi « un appel grave » aux Antillais à se faire vacciner, seule solution « à moyen et long termes ». Le ministère de la Santé a toutefois observé « un frémissement dans la zone Antilles, en Martinique et en Guadeloupe : il y a eu 18 % d’injections en plus lundi et mardi par rapport à la semaine dernière ». « Depuis deux jours, 1 000 personnes se font vacciner quotidiennement, avant c’était 300 à 400 », a confirmé à l’Agence France-Presse Ruddy Valentino, médecin en service de réanimation au CHU de Fort-de-France.
Les confinements vont aussi porter un nouveau coup à l’économie locale, les touristes étant priés de rentrer en métropole. « On repart chez nous, les vacances fichues », a déploré Nathalie, une mère de famille de 45 ans, à l’aéroport de Martinique. Le constat est également sombre en Polynésie française, qui affiche désormais un taux d’incidence de plus de 1 500 et où un couvre-feu est entré en vigueur. Les îles de Tahiti et Moorea vont être confinées, seulement le dimanche pour l’instant. Douze infirmières et infirmiers partiront dimanche en renfort à Papeete.
Plans blancs déclenchés dans plusieurs départements
En métropole, la situation, loin d’être aussi critique, est toutefois suivie de près, avec le déclenchement des Plans blancs, pour renforcer les personnels des hôpitaux, sur le pourtour méditerranéen, en Corse et sur la façade Atlantique. Elle a conduit l’exécutif à donner encore un tour de vis, en annonçant une extension du pass sanitaire aux centres commerciaux de plus de 20 000 mètres carrés dans les départements où le taux d’incidence dépasse les 200 cas pour 100 000 habitants. La mesure devrait concerner plus d’un tiers des 350 centres de cette taille, selon les calculs de l’AFP. La fin de la gratuité des tests est aussi prévue pour la mi-octobre, afin d’atteindre l’objectif d’une « vaccination de tous les Français » voulue par le chef de l’État, alors que celle-ci ralentit après avoir été dopée par son allocution télévisée du 12 juillet.
Sur Twitter, Emmanuel Macron s’est d’ailleurs félicité que dix millions de Français supplémentaires aient reçu au moins une dose de vaccin depuis son intervention du 12 juillet. « Ensemble, nous allons y arriver. Parce qu’ensemble la France est plus forte, plus solidaire, plus civique, plus responsable. Vaccinons-nous », a-t-il écrit sur Twitter. Avec 67,5 % de primo-vaccinés, la France fait mieux que l’Allemagne et les États-Unis mais moins bien que d’autres pays européens comme l’Espagne.