Depuis plusieurs jours, la ville de Carnac est au cœur d’une polémique qui fait rage. Cette controverse est alimentée par un emballement médiatique sans vérification rigoureuse des sources. Les articles publiés ont été illustrés de manière erronée, présentant des blocs de pierres comme des menhirs. Cependant, il convient de se demander ce qu’il en est réellement. Est-ce que ces pierres sont véritablement des menhirs, ou existe-t-il une explication différente ?
Le feu aux poudres
Une récente publication dans un journal régional breton a causé la controverse en présentant des affirmations discutables et potentiellement biaisées concernant la destruction de 39 menhirs à Carnac. L’article en question, paru le 6 juin 2023, soulève des interrogations quant à son exactitude. L’article fait référence à l’alerte par Christian Obeltz, un « archéologue amateur » résidant à Carnac. Selon l’article, Christian Obeltz, qui n’est pas un archéologue professionnel, non pas scientifique (il faut le souligner), aurait affirmé qu’un ensemble de 39 petits menhirs avait été détruits lors de la construction d’un magasin M. Bricolage au sud de la ZAC de Montauban à Carnac.
Les déclarations de l’article semblent dramatiques, décrivant les menhirs comme étant parmi les ensembles de stèles les plus anciens de Carnac.
Cependant, il convient de noter que ces affirmations n’ont pas été corroborées par des sources indépendantes ou des experts reconnus dans le domaine et que la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) n’est été contactée pour cet article de la PQR du 6 juin.
De plus, l’article soulève des questions quant au moment choisi pour alerter l’opinion publique. Pourquoi Mr Obeltz n’a-t-il pas contacté les médias plus tôt, étant donné qu’il réside dans la commune de Carnac ? Cette question demeure sans réponse et soulève des doutes sur les motivations réelles de l’archéologue amateur.
Il est important de souligner que les informations fournies dans l’article de la presse régionale, n’ont pas été vérifiées; Ce qui mettra le feu aux poudres, c’est lorsque les médias nationaux, radios, télévisons relaient cette information, d’une part avec des photos erronées des alignement de Carnac (Kermario et Ménec) se situant précisément à 3 kilomètres et avec des titres incluant menhirs sans connaitre le dossier.
A se demander s’ils ont déjà posé un pied à Carnac?
C’est alors que le feu s’embrase et l’opinion publique est déboussolée…
Des menhirs qui n’ont plus de valeurs
Depuis des siècles ou plusieurs décennies, les menhirs que ce soit à Carnac ou dans le Morbihan ont été déplacés, cassés par des privés (agriculteurs, divers propriétaires) ne donnant plus la légitimité d’un menhir c’est le cas pour une clôture sur la commune de la Trinité-sur-Mer (voir photo ci-dessous). Ils servaient pour délimiter des parcelles, faisant office de carrière pour construire des maisons et même des phares.
Détail d’un mégalithe à la Trinité-sur-Mer, à l’angle de plusieurs parcelles. Son érosion de surface évoque celle d’un menhir mais un sondage a montré que son édification était contemporaine du muret.
En ce qui concerne le terrain chemin de Montauban, un diagnostic archéologique a été conduit par deux archéologues en mars 2015, révélant deux filles de stèles.
« Il était apparu que deux anciennes clôtures dissimulées dans les taillis étaient construites à partir de blocs dressés, reliés par des murets de pierres sèches, détaille l’organisme. Dans l’une de ces clôtures, les blocs avaient manifestement été déplacés pour construire le muret. Il ne s’agit donc pas d’une file de menhirs en place historiquement. L’autre ensemble était plus complexe d’interprétation. Les blocs de 0,50 à 1 mètre de haut étaient implantés plus profondément dans la terre. Quatre d’entre eux présentaient des marques d’une usure en position dressée depuis très longtemps. » Selon l’INRAP
La DRAC annonce que l’intérêt archéologique des menhirs n’était pas établi
Dans un communiqué publié le 7 juin, la Direction régionale des Affaires culturelles (Drac) de Bretagne a déclaré que l’intérêt archéologique des menhirs, découverts lors de fouilles en 2015 dans deux anciennes clôtures recouvertes de taillis, n’était pas établi.
Le maire de Carnac Olivier Lepick menacé, sous protection policière
Le 8 juin, suite aux événements survenus, le maire de Carnac et sa famille ont été placés sous la protection de la gendarmerie, en raison de menaces directes à leur encontre. Malheureusement, la situation ne s’est pas limitée aux menaces physiques et matérielles, car des individus anonymes ont proféré des accusations diffamatoires à son encontre, l’accusant notamment d’avoir accepté des pots-de-vin en échange de l’octroi de permis de construire. Toutefois, ces allégations sont infondées et relèvent simplement d’un mensonge.
L’église Saint-Cornely taguée à Carnac
Le dimanche 11 juin, les habitants de Carnac furent choqués en découvrant leur précieux patrimoine, l’église Saint-Cornely datant du XVIe siècle, taguée à deux endroits distincts. Cet acte de vandalisme a provoqué une grande consternation au sein de la population. Le premier tag a été découvert sur le porche s de l’église, et quelques heures plus tard, un deuxième tag a été repéré sur une autre partie du bâtiment inscrit aux Monuments Historiques.
« Critiquer la dégradation d’un potentiel patrimoine en dégradant un patrimoine reconnu, quelle cohérence! » indique un internaute.
La Préfecture du Morbihan intervient
Le 11 juin au soir, la préfecture du Morbihan a pris la décision de faire face à la polémique entourant le permis de construire pour le terrain de Montauban à Carnac, en confirmant publiquement, par le biais d’un communiqué de presse, la légalité de ce dernier. Dans ce communiqué, le préfet a tenu à souligner « le caractère non majeur des pierres découvertes sur le site lors du diagnostic réalisé en 2015 ». Cette déclaration vise à apaiser les inquiétudes et à rassurer le public quant à la conformité du projet avec la réglementation en vigueur.
Les médias s’excusent
Depuis le 12 juin, les médias ont fait de faire leur mea culpa, reconnaissant enfin leurs erreurs. Leurs articles, remplis d »informations fausses après avoir fait du copier-coller, étaient illustrés avec les alignements de Carnac, renforçant ainsi leur manque de véracité. Malheureusement, les conséquences néfastes de leurs actions ont déjà eu lieu. L’impact de leurs reportages erronés s’est propagé dans l’opinion publique, semant la confusion et la désinformation. Même si certains médias ont pris des mesures pour rectifier le tir, rétablir la confiance et réparer les dommages causés, il est indéniable que le tort causé ne peut être effacé complètement.
L'affaire des menhirs de #Carnac : mauvaise com et vraie fake news ? "Nous nous sommes tous emballés"@VenturaAlba dans #RTLMatin pic.twitter.com/woOB67LPWx
— RTL France (@RTLFrance) June 12, 2023
https://twitter.com/ArteDesintox/status/1668868370240872449?s=20
Cet épisode souligne l’importance cruciale d’une vérification minutieuse des informations et de l’éthique journalistique, qui peuvent atteindre à l’intégrité des personnes. La course à l’information, la recherche du clic, du buzz en sont les causes.
Exemples de Fakes News
Un média situe même Carnac dans le Côtes d’Armor dans son titre. La personne qui a écrit cette article a également des lacunes en géographie.
Exemple d’un article illustrant le mauvais lieu. Une visite guidée de Carnac et du Morbihan devrait être imposée.
La question de l’anonymat sur les réseaux sociaux se pose
La question de l’anonymat sur les réseaux sociaux est un débat complexe et controversé. Certains soutiennent que l’anonymat est essentiel pour protéger la vie privée et favoriser la liberté d’expression, tandis que d’autres estiment qu’il facilite la propagation de discours haineux et de comportements nuisibles en ligne.Dans ce contexte et depuis cette affaire, il est compréhensible que des appels à une réglementation plus stricte se fassent entendre. Une possible solution serait d’instaurer une loi exigeant la levée de l’anonymat sur les réseaux sociaux. En mettant fin à l’anonymat, les utilisateurs seraient tenus de prendre la responsabilité de leurs actions en ligne, ce qui pourrait dissuader certains individus de propager des discours haineux et poser leurs frustrations sur les supports en ligne.
Il est vrai qu’il s’agit d’une erreur administrative regrettable concernant ce site symbolique au chemin de Montauban, comme le montre la photo des deux lignes en 2015.. Cependant, il semble exagéré de s’offusquer en raison d’une valeur archéologique qui n’est pas établie, d’autant plus que plusieurs dolmens ou menhirs authentifiés dans d’autres communes du Morbihan ne sont plus visibles depuis des décennies, dans les forêts ou dans des jardins privés. Certainement déplacés ou détruits. Même du point de vue de leurs significations symbolique, nous ne voyons pas ces personnes se plaindre pour les autres communes et en vers leurs ancêtres qui ont fait des bourdes !
Dans les prochains jours des archéologues vont expertiser sur le terrain de Montauban les quatre pierres non détruites, seulement déplacés durant des travaux du Mr Bricolage, afin de déterminer ou non leurs valeurs.