Bordeaux: le nouveau classement des Crus bourgeois

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Les Crus bourgeois du Médoc font leur révolution: leur classement annuel devient quinquennal et les mentions « supérieur » et « exceptionnel » sont réintroduites, un retour aux sources voulu comme une arme commerciale même si les exclus grincent des dents.

« Cinq ans, cela nous donne plus de souplesse au niveau commercial pour trouver des partenaires et pérenniser les liens qui existent déjà. Ca va faire une grande différence », se réjouit Olivier Cuvelier, président de l’Alliance des Crus bourgeois du Médoc, qui a présenté jeudi à Bordeaux le nouveau classement et dévoilé le logo « Les Crus bourgeois » .

En 2003, le premier classement des Crus bourgeois – appelés ainsi en raison des bourgeois de Bordeaux qui avaient acquis des terres dans le Médoc dès le XVe siècle – était décennal. Mais il avait été contesté par plusieurs absents qui reprochaient aux organisateurs, eux-mêmes viticulteurs, d’être à la fois juges et parties.

Résultat, en 2008, le classement devient annuel avec la seule mention « Cru bourgeois », validé sur dégustation par un organisme indépendant, le bureau Veritas.

« Mais beaucoup de châteaux prestigieux en sont partis, puisque les acheteurs choisissaient les Crus bourgeois au prix les plus bas. Le retour d’une hiérarchisation va permettre de les tirer vers le haut, estime le président. Si on n’avait rien fait, les Crus bourgeois seraient morts de leur belle mort ».

Ce classement 2020 « nous permet de ne pas se laisser abattre dans la morosité actuelle », dit la vice-résidente, Armelle Cruse, en référence aux difficultés économiques du Bordelais. Une tournée est notamment prévue sur deux marchés importants, en berne actuellement, les Etats-Unis et l’Asie.

Tous les rouges des huit appellations du Médoc ont eu la possibilité de postuler à ce classement pour les millésimes de 2018 à 2022: Médoc, Haut-Médoc, Listrac, Moulis, Margaux, Saint-Julien, Pauillac et Saint-Estèphe, avec comme nouveauté, l’ouverture aux coopératives.

Le jury a retenu 249 crus, soit 31% de la production médocaine (28 millions de bouteilles): 179 Crus bourgeois tels château Bellegrave ou château Lalande, 56 « supérieur » comme château Cissac et château Caroline et 14 « exceptionnel » (château Le Crock, Lilian Ladouys…).

AFP / PATRICK BERNARD Dégustation d’un vin de Bordeaux classé « crus bourgeois », le 05 mars 2004 dans un château du Bordelais à Ludon-Médoc en Gironde

Cinq millésimes entre 2008 et 2016 ont été dégustés à l’aveugle. Une fois cette première épreuve passée, les châteaux qui souhaitaient accéder au rang de Crus bourgeois supérieur ou exceptionnel devaient remplir un dossier, vérifié ensuite sur le terrain, portant sur l’application de normes environnementales, la technique et la mise en valeur de la propriété.

Les domaines, qui ont dépensé 8.000 euros pour présenter le dossier et 4.000 euros pour la mention complémentaire, pouvaient faire appel, histoire d’éviter des déboires judiciaires comme ceux qui agitent Saint-Emilion depuis son dernier classement décennal en 2012.

« Important pour l’export »

Malgré ces garde-fous encadrés par l’organisme de vérification indépendant QB Vérification, « il y aura sans doute des contestations, des gens qui ne sont pas contents de leur note », prédit M. Cuvelier.

Certains se sont d’ailleurs retirés de la course, faute d’avoir été classés « supérieur » ou « exceptionnel ». Comme François Boivert du château Ormes Sorbet (AOC Médoc) : « je sors des Crus bourgeois car, au-delà de la note de dégustation, je n’ai pas rempli un dossier assez complet qui était primordial pour avoir la mention complémentaire ».

AFP/Archives / GEORGES GOBET La cave de Château Margaux, domaine viticole de 262 hectares situé sur l’AOP Margaux, à Margaux dans le Médoc, près de Bordeaux le 5 octobre 2017

« J’aurais apprécié que la famille des Crus bourgeois me prévienne que le dossier devait être plus détaillé », regrette ce viticulteur dont le château faisait déjà partie du palmarès syndical « Cru bourgeois » en 1932.

Son frère Vincent (château Fontis) a en revanche fait le choix de rester au sein des Crus bourgeois: « Je n’ai pas une propriété qui bénéficie d’une notoriété suffisante pour me passer des Crus bourgeois. J’ai besoin que mes vins soient dégustés par des journalistes, en particulier étrangers, qui goûtent régulièrement les Crus Bourgeois, donnent des notes », explique ce vigneron.

Point positif du nouveau classement: il a créé une certaine émulation dans le Médoc et encouragé les investissements. De nouvelles salles de dégustation ou de réception ont vu le jour…

Vincent Boivert pense d’ailleurs déjà à l’avenir. « Je refais mon cuvier en pensant aussi au prochain classement! »

Si le test est concluant, les châteaux les plus prestigieux pourraient signer leur retour dès 2025 au sein des Crus bourgeois.

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