A Montréal, le cirque se réinvente grâce à la high-tech

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Montréal a vu naître et grandir le Cirque du Soleil et des dizaines de studios de jeux vidéos. Forte de ce double héritage, la métropole québécoise est le foyer d’un rare bouillonnement créatif qui imagine le cirque du futur, mêlant les arts traditionnels et le high-tech.

Au milieu du Vieux port de la métropole québécoise, entre l’imposant pont Jacques Cartier qui enjambe le Saint-Laurent et la grande roue, deux étranges pyramides blanches ont été érigées cet été.

Baptisées PY1, il s’agit de la nouvelle création de Guy Laliberté, le fondateur du Cirque du Soleil qui, après avoir vendu en 2015 sa compagnie à des investisseurs chinois et américains, a fondé une nouvelle entreprise: Lune Rouge.

« Montréal, c’est la capitale du cirque, c’est indéniable, mais Montréal c’est surtout la capitale du divertissement », lance Jean Guibert, directeur de création de Lune Rouge, dont l’ambition affichée est de révolutionner le monde du spectacle.

Ce qui débute avec les deux pyramides de PY1.

Le premier spectacle qui s’y joue, intitulé « Au-delà des échos », est une fresque d’une heure sur « l’histoire de la formation de l’univers jusqu’à l’avènement de la technologie », résume M. Guibert, un Français arrivé à Montréal au début des années 2000 afin de travailler pour le Cirque du Soleil.

Concrètement, l’intérieur de la principale pyramide est transformé en écran géant à quatre faces triangulaires, sur lequel des images abstraites sont projetées, accompagnées de la voix grave d’un narrateur et de musique électronique.

Comédiens virtuels

Outre ce spectacle, PY1 se transforme certains soirs en une discothèque futuriste et en journée, en salle de yoga. A l’automne, les pyramides, d’une capacité de 600 places, quitteront Montréal pour Miami et seront dotées d’une technologie supplémentaire: des lunettes de réalité augmentée qui permettront de voir évoluer des acrobates et comédiens virtuels.

« Aujourd’hui on crée des spectacles en allant chercher des expertises dans le domaine du jeu vidéo et on commence à fusionner, à casser les barrières, entre les univers du spectacle, du cirque, du théâtre et du jeu vidéo pour créer de nouvelles formes de divertissement », observe Jean Guibert.

Ce syncrétisme se nourrit de l’exception culturelle québécoise: un foisonnement créatif rare pour une métropole moyenne d’Amérique du Nord (4 millions d’habitants), dans laquelle ont lieu d’importants festivals culturels – FrancoFolies, Festival de Jazz, Juste Pour rire -, combiné au dynamisme du secteur des jeux vidéos dans cette ville qui compte plus de 140 studios, dont celui d’Ubisoft, le plus grand au monde avec 3.700 employés.

Beaucoup de compagnies de cirque travaillent en métissant les arts du cirque, la danse, les arts visuels, la musique, relève Nadine Marchand, directrice du Festival Montréal complètement cirque.

« Continuer à surprendre »

A cela s’ajoute « la technologie (qui) nous permet de faire des hybridations de formes de spectacles et de continuer à surprendre les gens », relève M. Guibert, de Lune Rouge.

Bosch Dreams est un autre bel exemple de spectacle alliant technologie, dramaturgie et arts du cirque. Ecrit et mis en scène par la compagnie montréalaise Les 7 Doigts, il propose un voyage fantastique dans l’univers du peintre Jérôme Bosch, en donnant vie à ses toiles les plus célèbres grâce à des animations numériques sur écran géant au milieu desquelles évoluent de vrais acrobates.

Présenté en juillet au Festival Montréal complètement cirque, ce spectacle a affiché complet à chacune de ses représentations.

Les troupes montréalaises peuvent compter sur des artistes disposant « d’une formation acrobatique de haut niveau et de haut calibre » dispensée à l’Ecole nationale de cirque, fondée à Montréal en 1981, observe Anthony Venisse, metteur en scène d’un spectacle de rue créé spécialement pour le Festival.

« La force de l’Ecole nationale de cirque est qu’elle mise beaucoup sur la technique », tout en cultivant aussi la « qualité artistique », dit-il.

Ce qui ouvre tout un champ des possibles et fait, selon Nadine Marchand, que « certains artistes qui auraient pu aller vers le théâtre ou la danse ont opté finalement pour le cirque », séduits par « cette inventivité ».

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