Le compteur électrique communicant Linky fait l’objet de questions et d’inquiétudes récurrentes. Tour d’horizon au moment où le tribunal de Tours vient de demander le retrait ou l’absence de pose chez des particuliers qui se disent électrosensibles.
A quoi Linky sert-il?
Avec ces appareils, la consommation est mesurée et transmise directement au fournisseur d’électricité, permettant une facturation plus précise et ne nécessitant plus le passage d’un technicien pour relever le compteur.
Le compteur de nouvelle génération peut aussi recevoir des ordres à distance, par exemple pour une mise en service ou un changement de puissance, avec des économies au passage.
Il peut aussi permettre un suivi de sa consommation d’électricité sur internet et donc d’ajuster ses habitudes pour consommer moins.
A terme il doit permettre le pilotage des recharges des véhicules électriques ou encore le développement de l’autoconsommation (la consommation de sa propre électricité, produite notamment par le solaire).
Est-il dangereux pour la santé?
L’agence nationale des fréquences (ANFR) a mené des études sur l’exposition aux ondes. Elle en conclut que « la transmission des signaux CPL (c’est-à-dire grâce aux courants porteurs en ligne) utilisés par le Linky ne conduit pas à une augmentation significative du niveau de champ électromagnétique ambiant ».
L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a pour sa part jugé en décembre 2016 « très faible » la probabilité que ces compteurs puissent avoir des effets nocifs. En 2017, à la suite de nouvelles mesures, elle n’avait pas changé ses conclusions.
Les niveaux d’exposition au champ électromagnétique sont « très faibles, comparables à ceux émis par les dispositifs électriques ou électroniques domestiques (lampes fluo-compactes, chargeurs d’appareils multimédia, écrans, tables à induction, etc.) », remarque l’Anses.
Comme d’autres avant lui, le jugement du TGI de Tours montre que deux logiques distinctes cohabitent: la logique juridique et la logique scientifique. En clair, le fait que le tribunal demande le retrait de Linky ne veut pas dire qu’un supposé danger du compteur soit prouvé du point de vue scientifique.
Respecte-t-il la vie privée?
La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) veille à ce que les données de consommation détaillées ne soient pas collectées sans l’accord de l’usager.
Le gestionnaire du réseau d’électricité collecte par défaut les données de consommation journalières (consommation globale du foyer sur une journée).
Les données de consommation fines (horaires et/ou à la demi-heure) ne sont collectées « qu’avec l’accord de l’usager » ou de manière ponctuelle pour des « missions de service public ».
La CNIL avait lancé l’an dernier une procédure contre le fournisseur Direct Energie, estimant qu’il ne recueillait pas correctement le consentement des utilisateurs pour collecter certaines données. La société s’était ensuite mise en règle.
Combien ça coûte?
Le déploiement des compteurs électriques communicants coûte au total près de 5,7 milliards d’euros, dont 5,4 milliards pour le Linky d’Enedis (le reste concerne les entreprises locales de distribution implantées sur 5% du territoire).
La pose de l’appareil chez les particuliers n’est pas facturée. Enedis avance les coûts puis doit se rembourser avec intérêts sur les économies réalisées à terme.
La Cour des comptes avait critiqué l’an dernier des gains « insuffisants » pour les consommateurs et des conditions de rémunération d’Enedis trop « généreuses ».
Peut-on s’opposer à sa pose?
Le déploiement de Linky (comme des compteurs intelligents de gaz Gazpaz) est prévu par la loi de Transition énergétique pour la croissance verte de 2015.
« En s’opposant à la pose des compteurs Linky, vous prenez le risque de vous opposer à l’exécution d’une mission de service public », met en garde l’UFC-Que Choisir, pourtant critique sur l’appareil.
En outre le compteur d’électricité appartient aux collectivités locales et non au particulier.
Toutefois la justice a été saisie par des personnes qui ne veulent pas du compteur et leur a parfois donné raison.
En mars, treize personnes souffrant d’hypersensibilité aux ondes avaient ainsi obtenu du juge des référés à Toulouse le droit de ne pas être équipées contre leur gré. Le tribunal de grande instance de Tours vient également de donner raison à une dizaine d’opposants pour des raisons médicales.