La France a échappé au pire malgré une production électrique au plus bas depuis 30 ans

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Jamais la France n’avait produit aussi peu d’électricité depuis 1992, mais le pays s’est montré « résilient »: le gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE a tiré jeudi le bilan d’une année de tous les records, marquée par une production nucléaire et hydraulique historiquement faibles.

En pleine crise gazière mondiale, alimentée par des craintes de rupture d’approvisionnement depuis la guerre en Ukraine et la fermeture des gazoducs russes, la France a dû également affronter en parallèle une crise électrique inédite en 2022.

La production totale d’électricité s’est en effet effondrée à « son plus bas niveau depuis 1992 », quand la France comptait neuf millions d’habitants de moins qu’aujourd’hui. Par rapport à 2021, cette production totale a reculé de 15 %, principalement « en raison de la faible production nucléaire et hydraulique », a indiqué RTE dans un communiqué.

Seulement 62,7 % de l’électricité était d’origine nucléaire l’an dernier dans le pays, contre 69 % en 2021 et plus de 70 % auparavant en France.

L’exploitant EDF a en effet cumulé les ennuis entre la découverte de corrosion sur des tuyauteries cruciales pour la sûreté des centrales nucléaires et les retards pris dans les maintenances à cause du Covid. Résultat: en 2022, la disponibilité moyenne du parc de 56 réacteurs est tombée à 54 % (contre 73 % sur la période 2015-2019), menaçant le pays de coupures électriques en plein hiver.

Jamais aussi peu de térawattheures d’origine nucléaire n’avaient été produits depuis 1988, avant la fin de la construction du parc nucléaire, soit une production de 279 TWh en 2022, bien loin de ses 430 TWh en 2005.

Or la France n’a pas pu non plus compter sur l’électricité des barrages, mis à mal par une météo exceptionnellement chaude et sèche. Encore un record battu: la production a atteint son « plus bas niveau » depuis la sécheresse de 1976, une baisse de 20 % par rapport à la moyenne 2014-2019.

Importatrice nette d’électricité

Malgré cette crise sans précédent depuis le choc pétrolier des années 70, « la France a montré sa résilience et sa sécurité d’approvisionnement a été garantie », a déclaré lors d’une conférence de presse Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE.

La France, comme ses voisins européens, a eu de la chance avec un automne et début d’hiver doux qui ont retardé l’allumage des radiateurs. En outre, « la mobilisation » volontaire des particuliers et entreprises, appelés depuis octobre à la sobriété par le gouvernement, « a joué un rôle important », même si certaines industries énergivores ont aussi levé le pied sous l’effet de la flambée des prix de l’électricité, corrélés à ceux du gaz.

Le pays a donc évité le scénario noir de coupures en fin d’année, grâce aussi aux importations d’électricité et à la remontée du parc nucléaire à l’automne.

Par rapport aux valeurs moyennes historiques (2014-2019), la consommation en 2022 a reculé de 4,2 % à 459,3 TWh, et même de 9 % au dernier trimestre.

Comme la production a baissé plus que la consommation, la France a dû compenser en faisant tourner ses centrales à gaz et en important l’électricité de ses voisins, sans pouvoir autant exporter qu’auparavant.

Conséquence: la France est devenue importatrice nette d’électricité en 2022, du jamais vu depuis 1980 selon RTE.

Mais contrairement à d’autres, le pays n’a pas signé le grand retour du charbon qui n’a pesé qu’à hauteur de 0,6 % dans le « mix » de production. « On peut affirmer que la sortie du charbon est quasiment effective en France », a résumé Maïté Jaureguy-Naudin, directrice statistiques et valorisation des données.

Il en est autrement pour la production électrique à partir de gaz, qui est allée jusqu’à prendre la place de l’éolien derrière le nucléaire et l’hydraulique en 2022.

Cette sollicitation du gaz, surtout fossile en France, explique « le coût environnemental de la crise énergétique ». La production électrique est responsable de 25 millions de tonnes de CO2, contre 21,5 en 2021, selon RTE.

L’année restera celle aussi d’une progression dans la transition énergétique avec la mise en service de 5 gigawatts d’installations renouvelables, encore un record battu selon RTE.

L’électricité produite en France en 2022 est restée à 87 % d’origine décarbonée, contre environ 91 % sur la période 2014-2021. Mais RTE prévient: « une accélération demeure toujours indispensable ».

 

Crédit photo : Damien Meyer

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