Le retour de la consommation, levier essentiel de la reprise économique

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Les Français semblent peu enclins à sortir leur porte-monnaie, alors qu’ils ont beaucoup épargné pendant le confinement. Un comportement scruté de près, tant un retour de la consommation peut contribuer à la reprise économique.

La relance de la consommation, clé de la reprise économique ?

Le retour de la consommation « va être le détonateur pour avoir une accélération de la reprise économique, car cette crise du coronavirus c’est surtout un choc sur la demande », explique à l’AFP Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

En France, comme ailleurs, les dépenses des ménages se sont taries pendant le confinement, obligeant fabricants et distributeurs à stocker vêtements, meubles ou véhicules… et à puiser dans leur trésorerie pour payer leurs charges fixes.

Un retour de la demande serait synonyme de reprise d’activité pour les entreprises, ce qui leur permettrait par la suite d’embaucher et d’investir.

« Si la consommation ne redémarre pas, rien d’autre ne pourra repartir », souligne auprès de l’AFP Alexandre Delaigue, professeur d’économie à l’université de Lille.

Qu’en est-il pour l’Etat ?

L’Etat bénéficierait aussi du retour de la consommation puisqu’elle engendre d’importantes recettes fiscales. En France, la TVA pèse près de 45% de ces recettes.

De plus, la consommation « est le principal moteur en termes de contribution à la croissance, bien avant l’investissement », indique M. Dembik.

Le gouvernement compte sur la création de richesse pour rembourser au travers des prélèvements existants (TVA, cotisations sociales, impôts etc.) la dette engendrée par la crise sanitaire. Il s’attend toutefois à un plongeon de 11% du PIB et à un déficit public de 11,4% du PIB pour l’année 2020.

« Tant que l’activité économique ne repart pas, on se retrouve avec plus de dépenses publiques – liées aux plans de relance, au chômage partiel – que de recettes », précise M. Delaigue. Cette dégradation des comptes publics risque de limiter la capacité de soutien de l’Etat par la suite, prévient-il.

Comment accélérer le mouvement ?

Il est « probable que la montée attendue du chômage et le contexte global de forte incertitude continuent de peser sur les comportements d’achats », a averti mardi la Banque de France, qui considère le rythme du rebond de la consommation comme l’élément « essentiel » de la reprise.

Pour éviter une épargne de précaution, il faut « faire en sorte que les anticipations de tout le monde soient les plus positives possibles », ce qui peut supposer de mobiliser des plans de relance pour redonner confiance, expliquait récemment le directeur de l’OFCE, Xavier Timbeau.

Certains pays comme les Etats-Unis distribuent des sommes d’argent aux particuliers. La France a prévu une aide financière pour les ménages modestes et les jeunes précaires.

D’autres nations, tels que le Japon, optent pour des bons d’achats. Cette idée est « très pertinente », mais « il faut que ces bons soient conditionnés à certains types d’achats pour éviter de favoriser des produits importés », estime M. Dembik.

Le Medef et la Confédération des petites et moyennes entreprises proposent également des mesures fiscales pour favoriser les dons intergénérationnels et permettre aux salariés de débloquer leur participation.

Autre stratégie: réduire temporairement la TVA, une mesure adoptée par l’Allemagne mais écartée par la France en raison notamment de son coût élevé.

Stimuler la consommation, est-ce compatible avec l’écologie ?

Pour combiner reprise économique et transition écologique, l’Etat peut flécher une partie de la consommation en direction de biens et services verts, avec certaines aides.

Le Medef propose ainsi de distribuer aux ménages modestes des « éco-chèques » financés par l’Etat, un dispositif « transverse » permettant de payer achats (nourriture bio, équipements ménagers économes en énergie) et services écologiques. Mesure plus ciblée: la CPME suggère de réduire la TVA sur les activités de réparations, par exemple de vélo.

Pour l’heure, le gouvernement a pris ce type de mesures pour le secteur automobile, avec notamment la hausse du bonus pour l’achat d’un véhicule électrique neuf.

« Il est possible d’avoir un volet écologique mais ce ne sera pas le cœur de la relance », estime M. Dembik. « Malheureusement, il est très rare de pouvoir changer de logiciel en période de crise en raison du coût d’une telle décision ».

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