Au moins un tiers des marins du Charles de Gaulle positifs au coronavirus

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Plus d’un tiers des marins du porte-avions français Charles de Gaulle ont été testés positifs au Covid-19 depuis son retour anticipé en France dimanche, provoqué par la découverte de contaminations à bord, selon un bilan provisoire publié mercredi qui devrait augmenter.

« En date du 14 avril au soir, 1.767 marins du groupe aéronaval ont été testés. La grande majorité de ces tests concerne à ce stade des marins du porte-avions. 668 se sont révélés positifs », indique le ministère des Armées dans un communiqué. Parmi eux, « 31 sont aujourd’hui hospitalisés à l’hôpital d’instruction des armées Sainte-Anne de Toulon (sud), dont un en réanimation », est-il précisé.

Ce bilan temporaire est amené à gonfler encore car « 30% de ces tests n’ont pas encore livré leurs résultats » et « la campagne de tests est encore en cours », selon le ministère.

Le Charles de Gaulle est le second porte-avions contaminé officiellement dans le monde, après le porte-avions américain USS Theodore Roosevelt, dans le Pacifique.

Le bâtiment nucléaire français (1.750 marins) et la frégate de défense aérienne qui l’accompagnait (200 marins) ont rejoint le port de Toulon dimanche avec deux semaines d’avance, après la découverte initiale d’une cinquantaine de cas de coronavirus. Les marins ont été placés en isolement sanitaire pendant 14 jours avant de pouvoir regagner leur foyer.

En parallèle, « les opérations de désinfection des aéronefs et des bâtiments de surface ont débuté », menées par les armées en lien avec des industriels, souligne le ministère. La ministre Florence Parly « adresse un message de soutien aux marins confinés et à leurs familles et remercie tous les élus locaux pour leur implication ».

« Enquête de commandement »

L’origine de la contamination du porte-avions n’est pas encore connue. L’équipage n’avait pas été en contact avec un élément extérieur depuis une escale à Brest, dans l’ouest de la France, du 13 au 15 mars. Les marins avaient pu descendre à terre, mais en respectant les gestes barrières et l’interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes en vigueur à l’époque.

Parallèlement, une relève d’une cinquantaine de personnes a embarqué lors de cette escale, de source proche du dossier.

L’actuelle pandémie de Covid-19, qui a déjà tué plus de 130.000 personnes dans le monde selon un comptage de l’AFP, a des effets particulièrement amplifiés dans les bâtiments militaires où des équipages nombreux s’entassent dans des volumes réduits et où l’isolement et le débarquement des malades est compliqué à mettre en œuvre.

L’armée avait indiqué la semaine dernière qu’aucune « erreur d’appréciation » n’avait été constatée. Le chef d’état-major de la Marine française, l’amiral Christophe Prazuck, a désormais « ordonné une enquête de commandement afin de tirer tous les enseignements de la gestion de l’épidémie au sein du groupe aéronaval », selon le ministère.

Plusieurs médias citaient mercredi des témoignages de marins ou de proches soulevant, sous couvert d’anonymat, des questions sur la gestion de la crise à bord.

Le site Médiapart affirme avoir identifié deux cas de marins présentant des symptômes sans être confinés. « À partir du 3 ou 4 avril, la situation a empiré très rapidement », selon le proche d’un marin.

France Bleu a pour sa part publié le témoignage d’un membre d’équipage, père de famille, testé positif. « L’armée a joué avec notre santé, notre vie », a-t-il estimé, en assurant que le commandant du porte-avions aurait proposé d’interrompre la mission à Brest, quand plusieurs marins présentaient selon lui déjà les symptômes du coronavirus. Toujours d’après ce marin anonyme, cette proposition aurait été refusée par le ministère.

Le groupe aéronaval français était en mission depuis le 21 janvier et avait passé plusieurs semaines en Méditerranée dans le cadre de l’opération Chammal, volet français de l’opération internationale antijihadistes Inherent Resolve en Irak et en Syrie. Il a croisé ensuite en mer du Nord et dans l’Atlantique pour des opérations de sécurisation et de défense des approches maritimes européennes.

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