L’Assemblée nationale a voté jeudi soir la possibilité d’un assouplissement par les départements et les maires de la limitation à 80 km/h sur les routes secondaires, mesure impopulaire considérée comme l’un des détonateurs de la crise des « gilets jaunes ».
Les députés ont donné leur feu vert par un vote à main levée à l’article du projet de loi mobilités qui prévoit de donner aux présidents de conseils départementaux la capacité de déroger à la limitation entrée en vigueur en juillet 2018. Ils ont élargi la compétence aux maires dans certaines conditions, via un amendement LREM.
L’abaissement de la vitesse de 90 à 80 km/h, concernant 400.000 kilomètres de routes secondaires, avait été décidé par le Premier ministre Edouard Philippe. Mi-mai, il avait ouvert la voie à un assouplissement.
Des élus d’opposition – LR en tête – sont à nouveau montés au créneau jeudi pour dire tout le mal qu’ils pensaient des 80 km/h, une « connerie » et le « symbole d’une France à deux vitesses » qui a été le « détonateur des longues semaines de crise ».
Les élus LR ont déploré que l’assouplissement « oublie les routes nationales », sous autorité de l’Etat, alors que le Sénat les avait incluses. Pour Vincent Descoeur, élu du Cantal, le « pas de recul » du Premier ministre est ainsi un « trompe l’oeil ».
« C’est un marché de dupes », a abondé son collègue du Jura Jean-Marie Sermier (LR) , jugeant « pas tolérable » que l’Etat ne prenne pas « ses responsabilités ». « Arrêtez d’emmerder les Français », a aussi lancé Fabrice Brun (Ardèche).
« Enfin, tant mieux », mais « quelle connerie », a commenté de son côté Bertrand Pancher (Libertés et Territoires), appelant le gouvernement à tenir compte de « cette leçon » et écouter « mieux les territoires ».
« Il s’agit de sauver des vies », a rappelé la ministre des Transports Elisabeth Borne, avec l’appui d’élus LREM. Elle a noté qu' »au cours du deuxième semestre 2018, ce sont 127 vies qui ont été épargnées grâce à la décision sur les 80 km/h », des chiffres laissant dubitatif côté LR.
« Nous souhaitons faire confiance aux élus », a-t-elle ajouté, mais pour les routes nationales, « les préfets ne dérogent pas aux décisions du Premier ministre ».
La vitesse excessive est la première cause de mortalité sur les routes de France, selon la Sécurité routière.